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Des stations de moyenne montagne anticipent leur reconversion 11/2007

Publié le : 30/11/2007 à 00:00:00


Des stations de moyenne montagne anticipent leur reconversion 11/2007


Les Echos 30 novembre 2007 page MONTAGNE

Alors que les premières neiges commencent à tomber, les stations de moyenne altitude réfléchissent à leur reconversion, voire commencent à démonter leurs remontées mécaniques. Les Suisses ont pris une longueur d'avance.

Le sujet est tabou. Sans l'ébruiter, des stations de moyenne altitude commencent à désarmer, c'est-à-dire à démonter leurs remontées mécaniques comme Abondance (Haute-Savoie) ou Saint-Honoré (Isère). Dans les Vosges, deux stations ont cessé leur activité et dans les Pyrénées, quelques-unes y réfléchissent. Elles se sont résolues à tourner la page car la neige s'y fait de plus en plus rare. Elles n'avaient plus les moyens d'entretenir les équipements et encore moins de les renouveler, reconnaît Hugues Beeseau, directeur de l'ingénierie du Comité régional du tourisme Rhône-Alpes, émanation de la région.
Les changements climatiques condamnent les stations situées en dessous de 1.800 mètres à 15-25 ans. Elles doivent, dès maintenant, préparer leur reconversion, déplore Alain Boulogne, spécialiste de la montagne au CRT et également maire des Gets. AA la raréfaction de l'or blanc à ces altitudes s'ajoutent une diminution du nombre des skieurs et la concurrence des nouveaux pays. En Suisse, le canton du Valais a anticipé très tôt cette tendance. « A la fin des années 1990, nous totalisions 120 stations que nous avons regroupées sous 9 destinations : Zermatt, Crans Montana, Verbier ou encore Loèche-les-bains. Les plus petites ont compris qu'elles devaient s'adosser aux marques les plus puissantes et mutualiser les moyens » raconte Jérémie Robyr, président de Valais Tourisme. Cette opération s'est assortie d'une rationalisation. Ainsi, à Crans Montana, « un tiers des installations ont été supprimées ».
Parallèlement, le Valais a recherché un équilibre entre l'hiver et l'été, saison « qui assure désormais 40% de nos 12 à 13 millions de nuitées annuelles ». Des communes comme Loèche-les-Bains se sont équipées de bains thermaux. « C'est la notion du bien commun qui préside à la gestion des domaines skiables dans des pays comme la Suisse, l'Autriche ou l'Allemagne observe Alain Boulogne. Au mépris des paysages, il se construit « l'équivalent d'une station par an sur les deux départements de la Savoie et de la Haute-Savoie. Et ce, en dehors de la Maurienne, où 45.000 lits ont été édifiés en trois ans. C'est l'effet pervers du dispositif dit de zone de revitalisation rurale », selon lui. La Région Rhône-Alpes qui, depuis 1995, accorde des aides pour financer des prestations d'ingénierie pour la moyenne montagne (20 millions dans le dernier contrat de plan), votera son schéma de développement touristique dans lequel les nouvelles préoccupations des communes de montagne tiennent une grande part.
Marie-Annick Depagneux